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— Je peux te parler. Tu peux m’entendre. Je peux t’entendre.

Fixant le cristal trouvé au fond de la rivière, Noah répétait ce mantra en boucle.

Sans succès.

Si tu veux l’entendre, il faudrait faire silence.

Noah sursauta. C’était la voix du nain. Mais Noah se trouvait dans la maison.

— Je croyais qu’aucun esprit n’entrait dans la maison.

Oh, non. Seules les énergies négatives y sont refoulées. On n’y est pas, car on n’a rien à y faire. Regarde, c’est tout de pierre cassée, de bois mort et de papier.

Noah regarda la pièce autour de lui. Certes, la dalle était en béton, les murs en pierre, les cloisons et les meubles en bois.

— Pourquoi tu dis que le bois est mort ?

Parce qu’il l’est. Le vernis l’a tué. Ne sens-tu pas qu’il n’a quasiment plus d’énergie ? Son déva est parti. Il ne reste là que par la colle et l’habitude de la matière. Il serait rongé par les parasites et démembré sans le produit.

— Ah bon. C’est nouveau pour moi, ça. Et c’est cool, en fait ! Je t’entends de mieux en mieux.

Mais tu ne ris toujours pas à mes blagues.

— Quelles blagues ?

Seul le silence lui répondit.

— Merde alors. Bon, revenons à la pierre. Écouter la pierre.

Un bruit de pas derrière lui le fit sursauter.

C’était Marise. Elle le regardait étrangement. Il se souvint qu’il venait de parler à haute voix à un nain. Il rougit.

— Tu crois qu’on devient fous, Noah ?

— Pourquoi ?

— Il y a des tombeaux au sous-sol, tu parles à des choses. Tu dis que le bois est mort.

— Ah oui, c’est le nain qui m’expliquait ça.

Elle lui adressa un regard lourd de sous-entendus.

— Et toi, Marise, qu’est-ce qui t’arrive ?

Elle pinça ses lèvres. Elle voulait vraiment dire quelque chose, alors Noah attendit aussi patiemment qu’Alphonse l’avait fait pour lui.

Elle finit par lâcher le morceau :

— Je sens des trucs bizarres qui viennent de toi.