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Marise commençait à s’inquiéter. La nuit était tombée, et Noah n’était pas encore ressorti de la cave. En voilà, une chose nouvelle ! Depuis quand s’inquiétait-elle pour un garçon ? C’étaient tous des sauvages qui ne comprenaient rien à rien. Comme s’ils parlaient une autre langue, tout juste bons à impressionner leurs potes et à jouer les coqs, à les considérer comme des trophées. Elle n’avait pas besoin d’un bon à rien de ce genre. Elle avait juste besoin de son téléphone, d’internet et de ses copines qui, elles, comprenaient ce qu’elle vivait.

Elle avait profité de l’absence d’Alphonse pour retourner toute la maison. Ce n’était pas possible, qu’il n’y ait pas de box ! Il l’avait forcément rangée quelque part. Peut-être qu’il y avait d’autres planques, comme la cave derrière la bibliothèque… Ou alors, elle était dans les tombes. Oui, c’était forcément ça.

Marise descendit. Une tombe, c’était qu’une boîte avec, si on lui laissait suffisamment de temps, des os, de la poussière et quelques bijoux. Pas de quoi avoir la frousse.

Sa frontale éclairait la pièce circulaire et son lichen phosphorescent. Noah avait la tête penchée en avant, tout aussi inconscient que la première fois.

Son cœur palpita. Peut-être qu’il était mort ? Elle devrait vérifier, non ?

Non, trancha-t-elle. La dernière fois, il était sorti tout ahuri de sa transe. Sans doute valait-il mieux faire comme avec les somnambules : les laisser tant qu’ils ne se blessaient pas.

Mais quand même, juste vérifier qu’il respirait encore, que son cœur battait…

Quand elle se rendit compte qu’elle avait cessé de bouger depuis plus d’une minute, elle soupira, bascula la lampe en lueur rouge qui ne réveillait pas les gens, et s’approcha de Noah.

Qu’est-ce qu’elle lui trouvait, à ce garçon ? Il avait les mains qui pendouillaient. A-t-on idée de ne plus avoir de mains, franchement ?

Et pourquoi ne faisait-il pas de bruit ? Elle n’entendait que sa respiration à elle. Alors, elle approcha son oreille du nez du garçon. Il sentait bon. Ce n’était pas du déo, juste son odeur naturelle. Ça alors ! Ça existe, un garçon qui sent bon ?

Le rouge lui monta aux joues, elle n’entendait que le battement de son propre sang contre ses tympans. Elle se redressa, pinça les lèvres. Peut-être que ça ne le réveillerait pas, après tout.

Elle posa sa main sur son cœur.

Elle sentit une onde remonter le long de son bras, jusqu’à son épaule, et retira vivement sa main en jurant.

Paniquée, elle s’éloigna au cas où le garçon se réveillerait, pour faire genre elle était loin et rien ne s’était passé. Oui, rien. Elle cherchait juste la box. Dans les tombeaux. Oui, tout à fait. Logique, très logique. Une box sous des plateaux en marbre. Pourquoi pas ?

Soudain persuadée d’être folle, elle s’enfuit du caveau.