36

Masquer une partie du contenu :

Noah se trouvait devant la porte des toilettes. Il dansait d’un pied sur l’autre. Il avait fait trois fois le tour de l’atelier sans trouver la moindre idée pour résoudre son problème. Il se décala de deux mètres et avisa la cabine de douche. C’était peut-être le moins pire des scénarios : se débarrasser de son pantalon, déféquer comme au pied d’un arbre en priant pour que les selles soient dures, puis passer à la salle de bains, soit pour se rincer en calant le pommeau de douche contre terre, soit pour son grand rituel d’habillement.

Les assauts de son rectum ne lui laissaient plus beaucoup de temps. Il exécuta son plan.

Noah maîtrisait le désappement : il suffisait de coincer le bas de pantalon et tirer dessus tout en aidant avec les coudes. Les chaussettes s’enlevaient d’un coup de poignet. Le haut, c’était plus compliqué ; il ne l’enlèverait que s’il devait subir le supplice de la douche.

Hop ! Il fila aux toilettes, repoussa la porte et put vider, dans un râle de soulagement, ce qu’il retenait depuis le matin. Toutefois, la texture lui signala qu’il devrait passer par la douche.

Ce fut à cet instant que la voix de Marise se fit entendre :

— Y a quelqu'un là-dedans ?

— Oui ! Tu peux attendre cinq minutes ?

— Cinq minutes, c’est pas dit… Magne-toi !

— Je libère la place dans deux minutes, mais va à la cuisine entre temps.

— Pourquoi ?

— Pas le temps de t’expliquer, sauf si tu veux pisser dans le couloir.

— Ok, ok…

Le bruit de ses pas s’éloignant permit à Noah de soupirer. Il tira la chasse et se rua dans la salle de bains. Lorsqu’il en franchit la porte, il aperçut Marise du coin de l’œil. Elle se tenait au bout du couloir, curieuse.

Noah crut mourir de honte sur place, mais il avait bel et bien les deux pieds dans la salle de bains, qu’il referma. Il tâchait de calmer les battements de son cœur lorsqu’il entendit Marise approcher. Sans faire la moindre remarque, elle prit place aux toilettes. Soulagé, Noah s’attela à retirer son t-shirt, gymnastique du cou, du menton et de quelques coups de dents et de coudes.

L’étape suivante lui parut plus facile : il fit tomber le pommeau de douche et le cala avec le pied. Il pouvait manier le mitigeur avec le creux du coude et attendre que l’eau chaude arrive avant de retourner le pommeau et de se placer au-dessus.

Il avait sans doute l’air d’un con, à se laver les fesses ainsi, mais au moins, il ne puerait pas trop.

Résumé : Marise aperçoit Noah se faufiler à moitié nu dans la salle de bains. Il tente de se laver les fesses.

Il referma l’eau et attendit qu’elle s’égoutte le long de son corps. Une fois de plus, il tenta de bouger ses doigts. Une fois de plus, il échoua.

Noah avait passé le cap de la colère envers ses mains. Un abattement immense le fit s’asseoir dans la cabine.

Il pleura.

Un heurt discret ponctua ses sanglots. Marise était à la porte.