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Noah n'était, tout compte fait, pas passé dire adieu à Jonathan. Il était allé le voir, puis ils étaient partis ensemble. C'est lui qui l'amenait au centre, où il en profiterait pour voir son oncle. Sa mère à lui aussi semblait préférer qu'il s'éloigne et se change les idées. Tel était le mot d'ordre : arrêter de broyer du noir. Easy.

Ils descendaient d'un bus dans la pampa, à plus de deux heures de la gare TGV précédente, avec juste un sac à dos et un téléphone. Une grand-mère descendit après eux, puis le bus repartit sans attendre. Elle leur demanda où ils allaient.

— Aux Fonds, répondit John.

— Ça alors ! Une bonne trotte jusque là-bas ! Vous allez dire bonjour aux esprits ?

Noah et John s'entreregardèrent, surpris. Noah se souvint du démon dans la chambre d'hôpital.

— Peut-être bien, dit-il. Qui sait ?

— Ah ! La jeunesse… J'arpentais tous les champs jadis, si vous m'aviez vu, avec ma bicyclette et mon fidèle Léodagan…

Un sourire nostalgique souligna ses yeux rêveurs quelques instants, puis elle sembla revenir au présent, à son corps décrépit et à son arthrose chronique.

— Ouste ! Vous ne devez pas traîner pour arriver avant la nuit !

Ce fut sa manière de leur souhaiter bon voyage, sans doute, car elle leur tourna le dos et partit.

— Allez ! En route ! clama John. Plus que deux heures !

— Quoi ? s'exclama Noah en lui emboîtant le pas. Tu veux dire, genre, on va marcher avec nos pieds pendant deux heures ?

— Bah ouais ! T'as jamais fait de randonnée ?

— Euh, non. Mes parents n'ont pas le temps. Mais carrément deux heures ? C'est plus long que pour aller au centre-ville depuis chez moi. Il faut quarante minutes, et c'est méga long…