La vie est toute chose passante. À peine on se retourne, à peine dit-on « ouf ! », que ce qui nous semblait si permanent s’en est allé. Il semble soudain manquer une brique à l’édifice qui nous a construits. On a beau savoir que c’est la vie, que c’est ainsi, on ne voit que le trou laissé. Alors, on le comble par les souvenirs. Les bons, ceux à garder. Ceux d’amour, de plaisir partagé. Ceux qui nous ont appris à devenir un homme, à avancer en toute circonstance, à ne pas s’en laisser compter. Étonnant comment pareil amour nous paraît soudain si douloureux. Il nous manque. Alors, on pleure. C’est bien, de pleurer, ça laisse sortir la peine du cœur et du corps. C’est une saine tristesse qui s’en va, qui l’accompagne pour les choses fantastiques qu’il a rejointes. Personne n’en est revenu, c’est dire si on doit y avoir enfin la paix ! On laisse aller, sans retenir notre amour, sans savoir trop où il va, sans que cela importe. L’homme est émotion. L’émotion est mouvement. On avance. Et, bientôt, le soleil éclairera de nouveau nos vies. Demain. Un peu plus tard. Là, tout de suite, l’homme observe tout ce qui le traverse, l’accueille avec fascination. Des souvenirs qu’on pensait perdus à jamais ressurgissent. On les traverse une nouvelle fois. L’homme voit à quel point il a mûri. C’est triste, et en même temps, c’est beau, c’est humain. Ainsi, le trou se résorbe et n’y réside plus qu’une fresque de souvenirs merveilleux en l’honneur d’un homme formidable. On peut laisser filer les mauvais côtés ; on n’en a pas besoin. Il reste le meilleur. Ce que l’on garde près de son cœur. Et l’on avance, soleil sortant de l’horizon, qui éclaire toute vie. On éclaire les gens autour de soi, tel ce soleil. Ce qu’il était pour nous, on l’est pour d’autres. C’est merveilleux ! On laisse aller les larmes, on ne retient aucun sanglot, et on vit. Pleinement. Ce moment unique. Ce moment humain. Fragile comme la vie. Douloureux aussi. Mais l’on sent, à chaque moment qui passe, que l’on gagne en légèreté. L’homme est imperfection. L’homme est vibrant. Tout est mouvement. Les membres bougent tout seuls, il suffit de les laisser aller. Tout laisser aller, passer, sans frein. Ne jamais freiner. Vivre pleinement ce moment, c’est rendre honneur à tout ce qui fut vécu. C’est poignant, fatigant, éreintant, et tellement vivant. Ainsi va la vie, ainsi allons-nous…
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