L'averse dura une bonne demi-heure. Puis, Noah ressortit quelques minutes, avant de rentrer à nouveau.
— Il repleut ? lui demanda John qui enfilait des bottes.
— Non, je fais un essai.
— De quoi ?
— Eh bien, l'ambiance est différente entre dehors et dedans.
— Évidemment, c'est dehors et c'est dedans, c'est pour ça qu'il y a deux mots, Noah… Ah ! Saloperie de caoutchouc !
Noah se figea, fit le tour de la pièce juste avec ses yeux : gauche, droite, haut, bas…
— Tu vois, John, c'est ça qui est bizarre.
— Que le gars qui a inventé ces pompes ne s'est pas dit à quel point c'était dur d'y enfoncer le talon sans se niquer la malléole ?
L'adolescent avait réussi à se chausser et regarda enfin Noah.
— Nan, ce qui est étrange, c'est que je ne t'ai pas dit que tu devrais profiter du caoutchouc, car on a déforesté les forêts qui le produisent.
— Ah ouais, juste ! Et ça ne me manque pas, tu sais ? Mais quel rapport avec ton test ?
— Allons-y !
Noah sortit en savates, suivi par son ami dûment équipé. Il comprit rapidement qu'après la pluie, l'herbe qui arrivait à mi-mollet pouvait tremper jusqu'aux os en moins de deux mètres. Noah s'arrêta, regarda ses pieds, et déclara :
— Tu m'étonnes que l'être humain a asservi la nature ! C'est quoi c'te propriété de merde ? Et c'est quoi, ça ?
Après la pluie, il y a des limaces. John devança la réplique de son ami :
— Retourne dans la maison, Noah. C'était mieux quand tu la fermais.
— Exactement !
Noah rentra, laissant John chasser les poules du jardin et se couvrir les mains de crottes de lapins. Il s'assit sur une chaise. Il regarda la pièce, écouta le tic-tac de l'horloge à balancier.
Pour la première fois de sa vie, lui sembla-t-il, il admira le silence de ses pensées.