L'énergie pour les cartésiens.

Je suis ingénieur diplômé en France, alors côté cartésien, j'avais la bonne dose. Couper le feu au téléphone ? Mais bien sûr… Une âme ? Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu, hein !

Et pourtant me voici, un an après avoir accepté de poser les hypothèses de l'expérience, à dialoguer avec des sources d'énergie qui me disent des choses que je n'aurais pas pu inventer, que je communique à des gens de chair et d'os, à qui le message parle totalement alors que je ne les ai jamais rencontrées. Étrange, avez-vous dit ?

Il n'y a, pour la médiumnité, besoin d'aucune drogue ni révélation divine. C'est une faculté que l'espèce humaine possède depuis le début, et que nous avons négligée en raison diverses influences.

Il n'y a également aucune opposition à faire entre les sciences et l'ésotérisme. Dans les deux cas, un escroc restera un escroc, et un artisan talentueux, un artisan talentueux. Il convient de prendre le meilleur des deux pour atteindre son propre objectif.

Allons donc ! Quelles sont les hypothèses à poser ?

Un cartésien utilisant entre autres l'intuition, la conjecture, la déduction, il lui est possible de poser ces hypothèses, et donc de poursuivre.

Les courants méditatifs nous confrontent depuis quelques millénaires à l'influence du mental. Pour faire simple, dans notre éducation, le mental a pris presque tout le lit. Or, il y a deux cohabitants dans notre caboche : l'intuition et le mental. Le travail consiste donc à remettre poliment mais sûrement le mental à sa juste place.

Une manière d'expliquer la différence entre l'intuition et le mental consiste à trouver l'origine de la pensée. Si, lorsque vous vous demandez « pourquoi ? », vous avez une réponse rationnelle, c'est que c'est le mental qui travaille. Exemple :

— Je dois écrire pour les cartésiens.

— Pourquoi ? 

— Parce que venant de là, je suis bien placé pour leur donner les bons tuyaux.

— Pourquoi ? 

— Parce que ce serait bien qu'ils rendent de la place à leur intuition.

— Pourquoi ? 

— Parce que ça leur permettra d'y voir plus clair dans leur vie.

— Pourquoi ? 

— Parce qu'ils auront accès un niveau de conscience qui leur échappe comme il m'échappait à moi.

— Pourquoi ?

— Mais tu fais chier à la fin !

Le mental fonctionne en cause et conséquence. L'intuition, quant à elle, est inexplicable.

— Mais enfin donc ! Il fait trente degrés, grand soleil, et toi tu prends un parapluie ! Pourquoi ?

— Aucune idée, une intuition.

Et deux heures après, orage. (Sans cela, on perd la preuve de l'intérêt de l'intuition.)

Il convient donc d'expliquer au mental que vous attendez de lui qu'il décode ce que reçoit cette glande pinéale, et il a le droit de ne pas savoir la décoder et de dire « aucune idée de ce que c'est ». À l'évidence, c'est d'autant plus simple que vous avez déjà médité et découvert votre capacité d'auto-observation. Ça, c'est chacun sa sauce pour y arriver.

Dès que le mental cesse d'inventer des histoires et décode (ou indique qu'il n'arrive pas à décoder) l'intuition, les choses sérieuses commencent.

— J'ai essayé, ça ne fonctionne pas !

— T'as pas essayé assez fort, je te dis !

— Mais si ! J'ai fait tout ce que j'ai pu !

— Tu peux pas grand-chose alors, parce que lui, il y arrive ! T'es peut-être pas doué, tout cartésien que tu sois !

— C'est de la daube, cette théorie, ça ne marche tout simplement pas, ce sont des contes, des sornettes, des trucs d'escrocs !

Si vous vous reconnaissez dans cette boucle, vous avez besoin d'un coup de main extérieur. Un certain nombre de croyances peuvent interférer avec l'activation de ces facultés. Souvenez-vous des moulinets pour démarrer les moteurs des voitures. On les a remplacés par un démarreur alimenté par batterie, mais on a toujours besoin d'une force extérieure pour que ça démarre. Eh bien, si votre médiumnité ne décolle pas, c'est pareil. Mais attention ! Il y a effectivement des escrocs dans le domaine, alors de la même façon qu'il est difficile de trouver un bon artisan, il vous faut trouver un bon démarreur. Fiez-vous à votre intuition ou, dans le doute, fiez-vous à moi.